Le voyage
de Khady Demba
Duo Théâtre, Chant et Musique
À partir du troisième texte de
« TROIS FEMMES PUISSANTES »
de Marie NDiaye
Éditions
Gallimard
FESTIVAL MIGRAN'SCÈNE 2015 / MAISON DES MÉTALLOS
Ghislaine Beaudout : mise en
scène
Catherine Benhamou : adaptation et comédienne
Alvie Bitemo : comédienne, création musicale et chants
Charly Thicot : lumière
Le duo
théâtral, vocal et musical
Une femme européenne blanche,
comédienne et une jeune femme noire originaire d’Afrique Subsaharienne,
comédienne, chanteuse et musicienne, forment un duo théâtral, vocal et musical.
Le texte, la musique et le
chant se croisent, se rencontrent, s’influencent, les deux voix dialoguent, se
superposent, s’écoutent. Les variations d’énonciation et le
déploiement des sons entrent en résonnance avec la puissance d’évocation du
texte.
Marie Ndiaye écrit le périple
entre l’Afrique et l’Europe d’une jeune femme, Khady Demba, jetée sur les
routes de l’émigration par sa belle famille. Pendant ce voyage éprouvant,
malgré les souffrances, elle affirme le caractère inaliénable de son identité. Porté
par l’écriture de Marie Ndiaye, ce récit à la troisième personne laisse place à
l’incarnation tout en préservant la distance et l’histoire de Khady devient
universelle. La dignité de cette femme, la conscience qu’elle a d’elle-même et
de sa valeur la rendant exemplaire.
« Il me semble tellement
évident que ces gens qui bravent des souffrances extraordinaires dont nous
n’avons qu’une idée très vague, qui font montre d’une vaillance folle sont des héros.
Des héros tristes, des héros obligés, mais des héros des temps modernes…Alors
j’ai voulu faire de cette femme une héroïne et de son histoire un objet
littéraire. » Marie NDiaye
Voix et
présences
Les
deux interprètes s’immergent dans la matière des mots, des sons et font naître des
images en transmettant ensemble ce récit. Pour ce duo vocal et théâtral, elles utilisent ou non des micros, créent
des espaces de jeu, reviennent au pupitre, déclenchent des sons, provoquent des
images. Leurs présences et leur voix convoquent l’esprit de cette « femme puissante »
qu’est Khady Demba.
Musique/Chant/langues
Alvie Bitemo chante depuis l’âge de 14 ans
et s’est formée à la basse électrique et à la composition. Sur le texte de Marie
Ndiaye, Alvie a créé des compositions musicales et chantées à partir des mots
du texte mais aussi à partir d’autres sources : mots, phrases, berceuse en
Lingala, une des principales langues du Congo. Le chant explore aussi bien le
cri, le souffle que la mélodie et les sons de la guitare entrelacent bruitages
et phrases musicales pour composer une trame sonore.
Version
concert
Le duo se joue en version
« concert ». Le dispositif scénique, visuel et sonore est
particulièrement léger et prévu pour s’adapter à toutes sortes d’espaces C’est
le terrain de jeu, le lieu d’élaboration des deux interprètes qui traversent le
récit selon différentes formes d’énonciation, de jeu et d’adresse au public,
accompagné de quelques accessoires, traces évocatrices qui jalonnent le cheminement
des deux artistes dans ce voyage.
Étapes de recherche, résidence et présentation :
Février 2015 à La
Ménagerie de Verre à Paris ; Mars 2015 au centre dramatique de
Nanterre-Amandier (en mars). Septembre 2015 : Résidence à la Maison des
Métallos à Paris et le13 mars 2016 : présentation suivie d’un débat avec
la Cimade
L’Auteure
Marie NDiaye Auteure
Née en 1967 d'un père
d'origine sénégalaise et d'une mère française, est une femme de lettres. Elle
n'a que 18 ans lors de la publication de son premier ouvrage « Quant au
riche avenir ». Elle a obtenu une bourse qui lui a permis d'étudier
pendant un an à la Villa Médicis à Rome. Marie NDiaye a reçu le Prix Femina en
2001 avec son roman « Rosie Carpe » et sa pièce « Papa doit manger »
figure au répertoire de la Comédie-Française.
En 2009, elle participe à
l'écriture du scénario du film de Claire Denis, « White Material ».
Elle reçoit le prix Goncourt 2009 pour « Trois Femmes puissantes »,
roman initialement tiré à 15 000 exemplaires mais qui avec le succès a connu un
tirage total de 140 000 exemplaires après dix réimpressions. Ladivine, son
roman suivant est paru en 2013 également aux éditions Gallimard.
KHADY DEMBA
Khady est une jeune femme
d’Afrique Subsaharienne contrainte à l’exil.
Vivant dans un état d’hébétude
depuis la mort de son mari, traitée comme moins que rien par sa belle famille,
surnommée La Muette par ses belles sœurs, elle est confiée par sa belle-mère à
un passeur avec l’ordre de faire le voyage jusqu’en France pour y travailler et
envoyer de l’argent.
Khady se « réveille »
au contact du monde extérieur. Confrontée à l’incertitude de son sort et au
danger, elle retrouve la conscience d’elle même, de son « inaltérable
identité », de sa singularité essentielle. Elle retrouve sa fierté d’être
Khady Demba qui reste intacte malgré le dénuement, les difficultés, les
humiliations et les trahisons qui jalonnent son voyage.
Détachée de son passé, vivant le
présent comme une transition sans importance, Khady se dirige résolument vers
un avenir inconnu mais porteur d’espoir, acceptant les rencontres et les
circonstances même tragiques comme des aléas incontournables et passagers à
surmonter.
Trois femmes puissantes
Khady est l’une des « Trois
femmes puissantes » du roman de Marie NDiaye, trois femmes qui ont en
commun de ne jamais se considérer comme des victimes et dont la puissance
réside justement dans cette force intérieure, ce souffle de vie intense qui leur
permet d’avancer malgré l’adversité.
Dans un entretien avec une
journaliste, l’auteur précise qu’elle voulait dans ce livre « mettre en
scène des personnages dont la force ne repose pas sur le cynisme et l’abus
d’autorité mais des personnages dotés d’une force saine. »
Écrire pour une héroïne des temps modernes
« Il me semble tellement évident que ces gens qui bravent des souffrances
extraordinaires dont nous n’avons qu’une idée très vague, qui font montre d’une
vaillance folle, sont des héros. Des héros tristes, des héros obligés, mais des
héros des temps modernes…
L’écriture de Marie NDiaye est
sobre, précise, sonore, rythmée, sinueuse et droite à la fois, douce et
terrible. Elle appréhende l’être profond du personnage de Khady, ses
sensations, ses visions et les mouvements de sa pensée tout en faisant le choix
d’un récit à la troisième personne du singulier. La réalité d’un monde se met à
vivre par ce prisme d’une intériorité qui n’incarne pas le personnage mais le
regarde en profondeur. C’est une écriture de l’ellipse et du mystère où le
fantastique s’insinue par la déformation subtile du réel et l’interprétation
des signes.
Le voyage de Khady Demba / premières notes
Khady,
c’est une démarche traînante, un air rêveur, une capacité à s’absenter dans le
vol d’un oiseau et partir avec lui dans
le ciel d’un bleu clair et doux en oubliant la rudesse de sa situation.
« Khady avait toujours eu conscience
d’être unique en temps que personne…
Elle avait été satisfaite d’être
Khady… »
Ce
voyage, s’il lui fait connaître la souffrance et la grande violence, lui permet
aussi de prendre sa vie en main, « de
diriger elle-même le précaire, l’instable attelage de son existence. »
L’écriture
de ce récit poignant, à la troisième personne, laisse la place pour
l’incarnation, tout en préservant la distance.
Cette
histoire portée par l’écriture de Marie NDiaye devient universelle. La dignité
de cette femme, la conscience qu’elle a d’elle-même et de sa valeur la rendant
exemplaire.
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